Une soeurette comme on n'en fait plus! #3
[Encore 4 nuits à dormir...]
Et puis il y a eu ce jour pluvieux d'octobre où avec J et J nous étions dans la chapelle de ce monastère sur la colline, duquel on voit si bien la ville... à côté de toi sur ce banc... Cette émotion si forte et si dure, et me dire en voyant les soeurs "alors c'est à ça qu'elle veut ressembler"... et ton petit frère qui tremblait à côté de moi...
Nos larmes partagées avec G ton autre amie jamais revue depuis... on s'est écrit quelques fois pour se donner des nouvelles -comment on supportait cette vie sans toi, avec toi enfermée... on se comprenait...
Cette douleur qui paraît d'un autre temps, et ce deuil à faire... et les reproches de ceux qui ne comprennent pas. "Tu devrais être heureuse pour elle et fière d'avoir une amie qui choisit de se donner à Dieu"... comme si être heureuse pour toi et fière de toi était incompatible avec la peine de savoir que ma vie et la tienne ne se font plus dans le même monde... et comme si le bonheur pouvait s'accomoder de tu dois... "mais si elle était partie à l'étranger ce serait pire" non, ce serait différent... on pourrait s'appeler quand on veut, on le faisait quand on avait 16 ans et qu'on n'était plus dans la même ville... le plus dur c'était de te savoir si près, cette maison sur la colline on la voit de partout en ville... de voir ta maison sur la colline et de ne pas pouvoir te voir comme je voulais...
Et ne pas te savoir
heureuse, si au moins j'avais pu me dire que c'était là
ton bonheur... mais quand je venais te voir ou qu'on s'écrivait,
les choses n'étaient pas vraiment ainsi, même si tu ne
me disais pas grand-chose...
Malgré tout un apaisement venait pour moi petit à petit... ma vie continue... je te la raconte dans de longues lettres... pour te laisser une place dans la nôtre... Et un soir de confession pleurer devant ce prêtre inconnu... qui me dit que j'ai le droit d'avoir de la peine pour moi, que ça ne m'empêche pas d'être heureuse pour toi...
Après sont
venues d'autres petites lumières sur la route, la carte que tu
m'as envoyée pour mon anniversaire alors que vous étiez
en plein Avent et donc fermées aux visites, les lettres, votre
soudaine connexion à internet -je n'aurais pas imaginé
être aussi heureuse de te retrouver sur facebook! - nos
rencontres, quand je venais te voir... se serrer dans les bras, même
quand une table d'un mètre de hauteur nous sépare,
c'est si bon! Et retrouver nos rires, restés les mêmes malgré tous les changements.
[A suivre]